Le Gaullisme
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L’EUROPE : N’AYONS PAS PEUR !


Il y a longtemps que les Français n’ont eu un choix politique aussi important que celui qu’ils auront à exprimer le 29 mai prochain.

La référence historique à laquelle il est légitime de penser serait le vote du 23 septembre l958 par lequel a été adoptée la constitution de la Vème République.

En effet, au-delà même de la comparaison que l’on peut faire entre des référendum constitutionnels, il s’agit bien dans ces deux circonstances d’un choix politique fondamental. En l958, à la demande du Général de Gaulle, soit les électeurs s’engageaient pour une France nouvelle qui reprendrait sa place sur la scène internationale, qui permettrait la décolonisation et qui assurerait par l’équilibre des pouvoirs démocratiques la stabilité de nos institutions et le progrès économique et social, soit ils gardaient le système qui avait amené l’effondrement du 13 Mai.

A près de 80 % les Français ont adopté la Constitution qui a fonctionné et fonctionne depuis bientôt 50 ans à la satisfaction du plus grand nombre, y compris de ceux qui s’y étaient opposés.

Aujourd’hui, chacun reconnaît la persistance d’un désarroi qui frise la déprime chez beaucoup de Français et qui s’est traduit par l’alternance systématique à chaque élection législative depuis l978. Les causes en sont multiples, et parmi elles y contribuent un chômage élevé et continu, des bouleversements économiques permanents, la perte de l’influence française dans un monde ouvert, où la concurrence bouscule les conservatismes de toute nature. L’avenir n’est plus regardé avec confiance et il est même devenu source d’inquiétude.

Il est temps que les Français admettent que nous avons changé d’époque. « Les trente glorieuses » sont loin derrière nous et les facilités de cette époque sont désormais révolues. Il leur faut donc ouvrir délibérément et sans plus tarder une page nouvelle de leur histoire.

Cette occasion leur est offerte par le Traité sur la Constitution européenne.

Depuis le premier traité européen en l951, les traités successifs qui ont façonné l’Union européenne ont eu un caractère économique dominant, même si d’autres domaines ont commencé à s’ouvrir.

Tout en reprenant le contenu de tous ceux qui l’ont précédé, le nouveau Traité de Rome est, quant à lui, principalement politique.

Il répond enfin à l’insistance française d’avoir des institutions démocratiquement équilibrées et des objectifs politiques plus ambitieux.

Avec la Charte des droits fondamentaux, qui répond aux exigences d’une société moderne, le Traité du 29 octobre 2004 apportera aussi une répartition des pouvoirs entre les Etats membres, la Commission, la Cour de Justice et le Conseil sous la haute autorité politique d’un président qui pourra personnaliser l’ Union et bénéficier d’une stabilité qui passera des six mois actuels à un maximum possible de cinq ans.

Bien entendu, comme il convient dans une organisation confédérale, les Etats garderont, dans les domaines de compétence qu’ils n’auront pas librement concédé à l’Union, leurs pouvoirs garant de leur souveraineté nationale.

Ils bénéficieront en plus de la souveraineté européenne qui démultipliera et valorisera les souverainetés nationales maintenues.

Que serait maintenant la souveraineté française si elle ne se trouvait au sein d’une communauté de près de 500 millions d’habitants qu’elle contribue avec les autres Etats membres à façonner, qui lui ouvre les portes d’une véritable puissance du XXIème siècle, et dans laquelle elle pourra continuer à s’exprimer ?

Les électeurs Français ont aussi à prendre conscience du rapport des forces dans le monde. Nul ne peut ignorer que la puissance, donc l’influence et la capacité de prendre soi-même les décisions qui nous concernent, s’appuient plus que jamais sur la disposition et la maîtrise des technologies de souveraineté. Face à l’hyper puissance américaine et la montée en puissance des grands pays asiatiques, il est plus qu’urgent que les européens disposent de la souveraineté technologique.

Le Traité Constitutionnel n’est pas une fin en soi. C’est le seul moyen qui nous est donné par son organisation, son fonctionnement et ses objectifs de faire face aux défis d’un monde qui se transforme chaque jour de plus en plus rapidement.

C’est aussi la seule possibilité qui nous est offerte d’apporter une réponse aux aspirations politiques, sociales, économiques, technologiques et culturelles des 25 peuples de l’Union. Aucun de ces peuples ne pourrait seul y répondre, confrontés qu’ils sont à la mondialisation des échanges, au poids et aux menaces des autres puissances qui s’affirment.

Non seulement l’Europe qui nous est proposée ne fera pas disparaître la personnalité française, mais au contraire elle lui donnera pour peu que nous en ayons la volonté, l’opportunité d’une renaissance de ses ambitions et de son influence.

Il est faux de faire croire qu’un refus du Traité nous permettrait d’en élaborer un autre qui serait plus conforme à nos intérêts.

Aucune convergence, sauf purement négative, n’existe entre les opposants d’extrême droite et d’extrême gauche. Les Français ayant fait échouer un traité, pourtant largement influencé par leurs idées et voulu par les 25, n’auront aucune chance d’obtenir un meilleur projet que celui qui avait obtenu le soutien des trois principales forces politiques de notre pays.
Au moment où le monde entier a rendu, toutes idées et philosophies confondues, un immense hommage à l’œuvre de Jean-Paul II, je suis tenté de reprendre sa célèbre formule : « N’ayez pas peur !

»

N’ayons pas peur, nous Français qui avons traversé tant de vicissitudes de l’histoire humaine et nous qui avons su rayonner bien au delà de nos frontières pour faire progresser l’humanité. N’ayons donc pas peur d’une Europe puissance indépendante et souveraine qui donnera l’exemple d’une coopération pacifique et solidaire. Le Traité constitutionnel européen est une étape essentielle dans cette voie, puissions nous ne pas la manquer.


Alain TERRENOIRE

Président de PanEurope France
Président de l’Union Paneuropéenne Internationale
Vice-Président du Club Nouveau Siècle

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